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|a Est-il l'auteur exclusif d'une mode, l'exotisme, ou a-t-il profité du sillage creusé par certains précurseurs et poursuivi, à la suite d'un Chateaubriand, par les romantiques ? Reste qu'aucun poète avant lui n'a réussi, à travers les motifs de l'orientalisme, hélas inlassablement répétés depuis, à user des ressources du langage avec la virtuosité d'un Paganini martyrisant son violon pour en tirer les accents qui le feront regretter pour toujours. Car chez Hugo, l'Orient n'est pas un concept, mais une histoire, des moeurs, des figures (de guerres d'indépendance), une saveur, une lumière et un jeu de couleurs, une cruauté et une suavité à restituer ; l'Espagne de son enfance en est la source lointaine. D'un trait, Hugo immerge le lecteur dans le monde sensible, fait miroiter ses profondeurs et l'arrière-plan où, au coeur des drames (par exemple, dans "Clair de lune", le sort des femmes précipitées dans la mer, enfermées dans un sac), chuchote une ombre, anonyme (cf. "L'enfant", le rescapé du massacre de Chio) ou fameuse (cf. Napoléon Bonaparte, dans "Lui").
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